lundi 4 février 2013

Le "duflot" se vend bien sur internet

"Duflot 2013, guide de la défiscalisation ! 60 000 euros de réduction d'impôts grâce à la loi Duflot !" Tel est le premier lien – sponsorisé – que fournit le moteur de recherche Google lorsqu'on cherche le patronyme de la ministre du logement. Alors que les positions de son parti, EELV, vis-à-vis du traité européen, la mettent sous pression au gouvernement, voilà au moins un motif de réjouissance pour Cécile Duflot : à l'instar de ceux de Brigitte Girardin, Gilles Carrez ou Jean-Louis Borloo, son nom a toutes les chances de passer à la postérité chez les fiscalistes.

Par une sorte de tradition non écrite, avocats spécialisés et promoteurs aiment à baptiser les dispositifs d'incitation à l'investissement dans l'immobilier du nom du responsable politique qui en est à l'origine. Si peu de gens connaissent la carrière du député du Val-d'Oise François Scellier, son nom est familier de beaucoup : en 2009, il déposa l'amendement permettant d'obtenir des réductions d'impôt en réalisant certains investissements locatifs.

DUFLOT.INFO, LOI-DUFLOT.NET...

Après "le Borloo" et "le Robien", "le Scellier" a connu un succès certain. Qui se reflète sur le Net, où fleurissent sites et blogs de conseils pour payer moins d'impôts, le plus souvent des vitrines de cabinets de fiscalistes. L'important, dans cette jungle, est d'être visible. Un nom de site approprié est capital, et, de scellier.org à scellier.com en passant par guide-loi-scellier.fr, le patronyme du député a fait les beaux jours des vendeurs de noms de domaine.

Les majorités passent, les dispositifs fiscaux aussi. Le 31 décembre 2012, l'amendement Scellier cessera de s'appliquer, au profit du dispositif Duflot, son successeur. Et sur le Web, les fiscalistes semblent bien décidés à ne pas se laisser distancer : de duflot.info, à loi-duflot.net, des noms de domaines sont déjà réservés, et des sites entiers sont déjà prêts, encore vides de texte, parfois, mais alignant déjà des dizaines d'occurrences du nom de la ministre pour tenter d'être le mieux référencés possibles sur les moteurs de recherche.

En cherchant les mots "Duflot défiscalisation" sur Google, il faut parcourir 57 pages de résultats pour trouver un site qui parle d'autre chose que du fameux dispositif. On finit par dénicher une tribune collective, publiée sur le site Rue89 en mars 2011. Il y est question du "cycle infernal" du mal-logement, entretenu "à coups de dispositifs de défiscalisation plus coûteux les uns que les autres, ces logements 'Robien' ou 'Scellier' qui encouragent la spéculation immobilière". Parmi les signataires, la secrétaire fédérale d'Europe Ecologie-Les Verts : une certaine Cécile Duflot.






Source : http://www.lemonde.fr
Samuel Laurent